Aristote et Maïmonide discutant
L’adaptation du rituel après la destruction du Temple
La paracha nous permet de questionner la manière dont le judaïsme a survécu à la destruction du second temple en 70 de notre ère. En effet, le rituel du temple, et en particulier celui du sacrifice, était central dans la pratique religieuse.
A la différence de la destruction du premier temple, il n’y avait plus de prophètes pour guider le peuple.
Rabbi Akiva répond au contraire qu’en l’absence de temple et de grand prêtre, il revient à chacun de se faire pardonner.
Le dramaturge yiddish ajoute : chaque individu devient un prêtre, chaque prière est un sacrifice, chaque jour celui du pardon et chaque lieu le saint des saints.
Delphine Horvilleur rappelle qu’on “utilise la tradition pour dire qu’il ne faut rien changer. Mais tous nos récits sacrés montrent, symboliquement, que l’on est capable de changer et de voir les vents nouveaux.”
Le judaïsme s’est transformé face aux changements de circonstances, sans jamais se départir de ses valeurs fondamentales. C’est ce qui a assuré sa pertinence, et sa pérennité.
Ainsi, Aristote et Maïmonide se rejoignent sur le fait que l’homme est un animal social, et la société doit se fonder sur la justice et l’État de droit, le bien-être et le souci des pauvres, des marginaux, des vulnérables et des faibles, une société dans laquelle tous auraient une égale dignité.
Le Ramban (Nahmanides), évoquant une série de péchés, considère que les hommes doivent choisir, du fait de leur libre arbitre, de vivre dans la paix et la justice.
La chronologie du récit biblique décrit les limites du libre arbitre et de la liberté absolue.
La notion de responsabilité des actes est évoquée dès l’épisode d’Adam et Eve, puis celui de Caïn qui décrit le développement de la violence et ses conséquences.
Survint ensuite le déluge, et la possibilité de tout recommencer, en se fondant sur les commandements universels de Noah.
Mais l’humanité ne s’y est pas conformée, et intervient l’épisode de la tour de Babel.
Le récit biblique se poursuit en présentant Abraham et Sarah, incarnant des exemples vivants de vertu et de justice.
La Rabbin Jonathan Sacks nous enseigne que la paracha “Acharei mot” porte un message au peuple juif : la revendication d’établir un foyer juif est légitime, mais doit aller de pair avec le devoir de vivre individuellement et collectivement selon les normes de justice et de compassion, de fidélité et de générosité, d’amour du prochain et de l’étranger.
*Selon les enseignement du Rav Sacks