Nazirites
La paracha décrit notament les règles appliquées aux nazirites, qui s’imposent, par serment et pour une durée limitée (généralement 30 jours), de ne pas consommer d’alcool, ne pas se couper les cheveux, et éviter les contacts avec les morts.
Les sages sont divisés quant à ce qui est considéré comme une piété extrême. Si la bible décrit le nazarite comme un saint, il est toutefois prévu qu’à la fin de la période, il doive faire une offrande. A-t-il commis un pêché ?
Nahmanide considère que son pêché consiste à retourner dans le monde, alors que le nazirite avait choisi de s’en séparer. Pour d’autres sages, comme Samuel, s’imposer le renoncement aux plaisirs du monde créé par Dieu est un pêché.
Maïmonide semble adopter les deux points de vue. Il déclare qu’on ne peut s’imposer une telle abnégation, seuls les interdits de la Torah doivent être respectés. Mais il déclare également que le nazirite est saint. Il considère en effet qu’une telle piété est louable au niveau individuel, mais aussi que le sens du judaïsme est la célébration de la vie, ce qui implique nécessairement l’engagement dans le monde. Afin de résoudre cette contradiction, Maïmonide explique qu’il y a deux modèles de vie vertueuse : celle du hassid (saint) et celle du hakham (sage).
Le premier (hassid) est extrême dans l’application des principes et dépasse ce qu’exige la stricte justice. Le sage, quant à lui, est adepte du juste milieu et évite les extrêmes (ni trop, ni trop peu). Maimonide indique en effet que l’abnégation du saint, sa recherche de perfection personnelle, rend impossible de faire société. Le sage, au contraire, sait qu’il ne peut abandonner tous ses engagements pour poursuivre une vie de vertu solitaire.
Ce propos est approfondi par le mouvement hassidique et de nombreux commentateurs modernes, considérant l’approche positive de la tradition juive pour les plaisirs de la vie et que l’attitude antisociale contribue à se séparer de ceux qui luttent pour l’amélioration de l’être humain. Réfléchir à l’exemple que nous propose la Torah de l’engagement et de la vie du nazir peut nous proposer un message symbolique important. L’interdiction du vin par exemple peut nous servir de signal du danger que représente toute dépendance et de la nécessité de garder un esprit clair. Le commandement concernant l’interdiction de la coupe de cheveux peut nous mettre en garde contre une tentation narcissique et la recherche de la parfaite image de soi.
Shabbat shalom
*Selon les enseignement du Rav Sacks