Cimetière de Sarajevo
Sarajevo, la capitale de la Bosnie-Herzégovine, est entourée de montagnes. Son histoire est complexe. Assiégée et déchirée au cours du 20e siècle lors d’une guerre ethnique à la suite de l’éclatement de la Yougoslavie, elle fut une zone de conflits entre Serbes orthodoxes, Croates catholiques et Bosniaques musulmans. Aujourd’hui, le pays est divisé en deux entités : la république serbe d’une part et la fédération croato-musulmane d’autre part.
Cependant, ces montagnes révèlent une autre histoire, celle de la trace d’une forte présence juive, décimée par le régime nazi et que l’on retrouve mémorisée au sein de son cimetière.
Pour s’y rendre à partir du centre-ville, il est nécessaire de franchir des chemins escarpés, de grimper des collines et de traverser patios et arrière-cours.
L’entrée de la nécropole est marquée par une arche construite en pierre et par la présence d’un majestueux oratoire. Derrière l’arcade, une rame d’escaliers mène au cœur de ce lieu de souvenirs.
Des pierres tombales de différentes époques se côtoient. La plus ancienne remonte au 17ème siècle. Le nombre de corps ensevelis est important.

C’est sous une végétation intense, sous les fougères et mauvaises herbes qu’apparaissent des inscriptions rituelles hébraïques. Si les tombes peuvent paraitre désordonnées, elles possèdent bien évidemment une valeur historique et artistique. Nous sommes dans un lieu d’observation où l’esprit vagabonde et où le temps s’arrête. L’on ressent en ce lieu, une spiritualité, une profondeur. Le lien avec le passé devient tangible, palpable.
Les pierres se relient harmonieusement à la terre. On retrouve sur les stèles, les prénoms et noms des familles juives sépharades chassées par l’inquisition espagnole et qui s’installèrent dans l’Empire ottoman. Ce cimetière nous aide à entretenir des liens complexes avec notre histoire. Il est un endroit de passage.
Ce lieu chargé de mémoire n’est pas unique. Sarajevo abrite également un patrimoine constitué par deux synagogues, la plus ancienne, de rite sépharade fut construite en 1581 et se trouve située dans la vieille ville à côté des minarets. Les valeurs communes du vivre ensemble permettent de cohabiter harmonieusement entre les cultures juives, musulmanes et chrétiennes. La vraie Europe est à Sarajevo où les juifs et les musulmans coexistent en paix depuis 500 ans.

Les autorités bosniaques, soucieuses de marquer l’héritage juif du pays, hébergent en symbole de paix, à l’intérieur du musée national, le précieux manuscrit de la Haggadah de Sarajevo écrit en Espagne au 14e siècle.
Le manuscrit contient 109 pages, des illustrations y sont représentées à côté du texte liturgique.
En ville, une quarantaine de familles juives y résident encore alors que celle-ci abritait une des communautés sépharades des plus nombreuses au monde. Aujourd’hui, les jeunes juifs bosniaques préfèrent quitter définitivement leur pays. Une nouvelle page de l’immigration se construit à New York, première ville juive avant Tel-Aviv.
Albert Aniel
Pour en savoir plus:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cimeti%C3%A8re_juif_de_Sarajevo
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_Juifs_en_Bosnie-Herz%C3%A9govine
https://fr.wikipedia.org/wiki/Synagogue_de_Sarajevohttps://www.muzejsarajeva.ba/en/