La séparation des pouvoirs
La paracha évoque une série d’interdits quant à l’idolâtrie, et des avertissements concernant la magie, la sorcellerie et les faux prophètes. Elle décrit également la manière dont un roi, si le peuple souhaite établir une monarchie, devra s’acquitter de ses responsabilités. La séparation des pouvoirs décrite par Montesquieu est déjà formulée dans la bible, en établissant les fonctions de roi, prêtre et prophète.
Le prêtre distingue le sacré du séculier, le prophète est chargé du lien social (justice) et le roi use du langage de la sagesse. Pourtant, l’établissement de la monarchie a été beaucoup discutée par les sages. Samuel, qui sera chargé de trouver le roi, le fera à contrecœur. Abrabanel (15ème siècle) y voyait un grand risque pour la liberté et la justice, Comme Lord Acton (4 siècles plus tard) : «le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument».
Rabbi Nissim distingue deux systèmes de Justice. Le premier est établi par les prêtres et traite des questions éternelles, alors que le second gère l’organisation à court terme, les questions séculaires, attribuées au roi. Le roi, en charge du pouvoir exécutif, dispose de l’usage de la force si nécessaire, afin d’éviter à la société de retomber dans l’état de nature, dans lequel la vie de chacun serait méchante, brutale et courte, comme décrite par Hobbes dans son Léviathan.
Le Rav Kook approfondit cette question et affirme que les pouvoirs du roi sont désormais, dans la société moderne, confiés au peuple à travers les assemblées démocratiques qui désignent les gouvernants. La paracha décrit avec insistance l’attitude que doit adopter le roi, si le peuple choisit d’en désigner. Sa vertu principale est l’humilité, parce que diriger c’est servir. Il devra écrire lui-même son propre rouleau de la Torah, et l’étudier chaque jour de son règne, sans se considérer supérieur au peuple. La Harvard Business Review a publié les résultats d’une étude qui démontre que « Les meilleurs leaders sont humbles ». Ils apprennent de la critique. Ils sont suffisamment confiants pour responsabiliser les autres et louer leurs contributions. Ils prennent des risques personnels pour le bien de tous. Ils inspirent la loyauté et un fort esprit d’équipe. Et ce qui s’applique aux dirigeants s’applique à chacun de nous.
Le Rav Sacks commente également l’importance de l’humilité dans la vie quotidienne : L’humilité signifie que vous êtes suffisamment en sécurité pour ne pas avoir besoin d’être rassuré par les autres. Cela signifie que vous ne vous sentez pas obligé de faire vos preuves en montrant que vous êtes plus intelligent, plus doué ou plus performant que les autres. Vous n’avez pas besoin de vous comparer aux autres. Vous avez votre tâche, ils ont la leur, et cela vous amène à coopérer, pas à rivaliser. Cela signifie que vous pouvez voir d’autres personnes et les apprécier pour ce qu’elles sont. Ce ne sont pas seulement une série de miroirs dans lesquels vous ne regardez que pour voir votre propre reflet. Sécurisé en vous-même, vous pouvez valoriser les autres. Confiant en votre identité, vous pouvez valoriser les personnes qui ne vous aiment pas. L’humilité est le soi tourné vers l’extérieur. C’est la compréhension que « Ce n’est pas à propos de vous. »
*Selon les enseignements du Rav Sacks