Dans Ki Tetsé, Moïse n’aborde pas moins de 74 des 613 commandements.
Il traite de sujets aussi variés que les relations familiales, les règles d’héritage, l’obligation d’élever un parapet sur les toits, des procédures judiciaires, le droit de la guerre, les obligations sociales et financières, le traitement des captives, l’interdiction de prendre un oiseau mère en même temps que ses oisillons, de mélanger de la laine et du lin, l’obligation de porter des tzitzit, l’interdiction du prêt à intérêt et enfin le souvenir d’Amalek, le peuple qui a toujours voulu la destruction du peuple juif.
La portée et les objectifs de la sanction
Certaines procédures ainsi établies, appliquées à la lettre, peuvent être particulièrement radicales, voire choquantes. C’est le cas de la règle de l’enfant « têtu » ou « dissipé ». A la demande de ses propres parents, s’ils ne parviennent pas à le discipliner, il peut être soumis à la lapidation.
La littérature rabbinique est particulièrement développée quant à cette pratique choquante, et insiste sur le fait qu’en réalité, l’enfant en question doit répondre à de nombreuses conditions qui rendent une telle sanction impossible à mettre en oeuvre (L’enfant doit être exactement à trois mois de la majorité, avoir volé l’argent de ses parents pour acheter du vin qu’il aurait bu d’une traite dans un lieu autre que la maison de ses parents, etc.).
Les sages enseignent alors que ce cas théorique vise à permettre de comprendre la portée et les objectifs de la sanction. Parmi eux, certains soutiennent le principe de la justice préemptive, il n’est pas puni pour ce qu’il a commis mais pour ce qu’il pourrait faire à l’avenir. Ceci soulève une question éthique majeure.
Kant a défendu une justice de rétribution. Le tort doit être réparé en causant un tort à son auteur et ainsi rectifier ce qui s’est passé.
Bentham, l’utilitariste, se concentre sur les conséquences à l’échelle de la société. Selon lui, la justice se fonde sur le futur et non sur la nécessité de réparer des actes du passé. Une sanction disproportionnée peut se justifier si elle a un effet utile à l’échelle de la société.
Kant s’y oppose, comme les principes du judaïsme : aucun bénéfice utilitariste ne peut justifier l’injustice. Dans le judaïsme, c’est l’acte qui est jugé, pas son auteur. Il peut payer sa dette à la société. En outre, il est seul à en assumer la responsabilité, elle n’est pas portée par ses enfants.
*Selon les enseignements du Rav Sacks