Réflexion sur la Parasha Chemini

Shemini décrit la fin de la construction du Tabernacle.

Aaron, le Grand Prêtre, le sert avec ses fils.
Moïse demande à Aaron de procéder au sacrifice, mais Aaron ne se pense pas digne de s’approcher de l’autel, il souffre du syndrome de l’imposteur et pensait probablement qu’il n’avait pas été à la hauteur lorsqu’il était en charge du peuple au moment du veau d’or. Moïse lui dit: “Tu as été choisi pour ça! C’est ta responsabilité de guider le peuple dans la repentance, parce que tu connais les conséquences du pêché. Ta faiblesse devient ta force.” Soudain, ses deux fils, Nadav et Avihou, allument un feu qui n’est pas conforme au rituel et meurent instantanément.

Les commentaires sur cet épisode sont nombreux.

Certains considèrent que Nadav et Avihou étaient dévorés par l’ambition, ou n’étaient pas respectueux des rites par arrogance, ou encore par manque de respect, de maturité et de connaissance.
David Hume (1711-1776), le philosophe écossais, a écrit « la corruption des meilleures choses produit les pires ».
Il y a, dit-il, deux façons dont la religion peut mal tourner : par la superstition et par l’enthousiasme.

Yeshayahou Leibowitz (1903-1994) rappelle lui aussi que le culte lui-même, s’il n’est pas accompli avec la pleine conscience de l’homme de servir Dieu, mais répond à une impulsion intérieure de rendre un culte à Dieu, il devient une sorte d’idolâtrie, malgré la pureté de l’intention.

La spontanéité est-elle condamnable ?
Si oui, pourquoi Moïse n’est-il pas mort ? Il a pourtant brisé les tables de la loi.
Une réponse est liée à la différence de statut, et de fonction. Moïse est un prophète, dont la mission évolue, comme tous les prophètes qui se sont adaptés à leur temps. Les Cohanim sont des prêtres, leur rituel est précis et immuable (en tout cas à l’époque du Tabernacle puis du temple).

Le judaïsme se fonde sur l’équilibre entre la spontanéité des prophètes et la structure des prêtres.
Aaron est dévasté. Moïse lui rappelle toute les épreuves par lesquelles ils sont passés (sortie d’Egypte, bataille contre Amalek, veau d’or) et lui demande de ne pas abandonner car s’il a perdu ses fils, c’est parce que leur acte était fautif, mais leurs intentions étaient bonnes, ils en ont malheureusement fait trop. Ce qu’Aaron accepte.

Selon les enseignement du Rav Sacks

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