Texte édité par la Commune de Schaerbeek pour le 30 novembre 2023, jour de pose des pavés
Schaerbeek va contribuer à la pose de 13 Stolpersteine !
Avez-vous déjà remarqué, scellés dans nos trottoirs, ces pavés couverts d’une plaque de laiton dans laquelle une inscription honore la mémoire d’une victime du nazisme, personne juive et/ou résistante ? À ce jour il y en a 27 à Schaerbeek et plus de 600 en Belgique. Création de l’artiste berlinois Gunter Demnig, on trouve ces Pavés de Mémoire ou Stolpersteine dans les rues de différents pays d’Europe, devant le dernier domicile des victimes.
La Commune de Schaerbeek s’associe à l’Association pour la Mémoire de la Shoah (AMS) pour la pose de 13 Stolpersteine, afin d’honorer la mémoire de trois familles : la famille Nagiel-Amtmann (4 personnes), la famille Flinker (5 personnes) et la famille De Jongh (4 personnes).
La pose des pavés aura lieu le 30 novembre 2023 et sera accompagnée d’un travail de médiation avec les écoles et le grand public. Un essentiel travail de mémoire ! Plus d’informations ? patrimoine@1030.be
Plus d’informations sur les pavés de mémoire ou stolpersteine ? Stolpersteine.app | #weremember
Scellement le 30 novembre 2023
10h :
Joseph-Henri NAGIEL Felix-Pierre NAGIEL Margula NAGIEL-AMTMANN Elja-Noach NAGIEL Rue Vanderlinden 58
11h30 :
Andrée DE JONGH Alice DE JONGH Frédéric DE JONGH Suzanne WITTEK -DE JONGH Rue Emile Verhaeren 73
14h30 :
Mosche FLINKER Esther-Malka FLINKER Léa FLINKER Mindla FLINKER-DE ROCHANINI Leizer-Noah FLINKER Avenue Colonel Picquart 1
16h30
Conférence à l’Hôtel communal de Guy Alain Sitbon, traducteur des carnets de clandestinité de Moshe Flinker (à destination du grand public)
17h30
Drink
18h30
Conférence de Marie-Pierre d’Udekem sur la famille De Jongh (à destination du grand public)
Pour la famille NAGIEL-AMTMANN seront posés 4 Pavés de Mémoire-Stolpersteine
La famille Nagiel-Amtmann se compose de quatre personnes, le père Elja Noech Nagiel, la mère Margula Amtmann, et leurs deux enfants, Joseph, né à Anvers en 1940 avant l’invasion du pays, et Félix, né en 1941 à Etterbeek. Les parents sont des immigrés juifs de Pologne, Margula Amtmann arrive en 1928, Elja Noech Nagiel, en 1931. Il exerce la profession d’horloger. La famille est livrée à la caserne Dossin, le 13 octobre 1942. Les Nagiel-Amtmann avaient quitté leur domicile légal, rue Vanderlinden à Schaerbeek. Ils avaient trouvé un logement clandestin à proximité, au 76 rue Gallait. Des militants antijuifs qui se présentent comme un groupe de Belges nationaux les dénoncent à La Défense du Peuple, la ligue antijuive. Le transport 14, parti avec le même train que le transport 15, le 24 octobre achemine les Nagiel-Amtmann à Auschwitz-Birkenau. À l’arrivée le 26 octobre, la famille est séparée devant le camp de Birkenau. La mère et ses deux jeunes enfants passent directement dans la file vouée à la chambre à gaz. 83% des femmes et des filles subissent ce sort fatal. Elja Noech Nagiel connaît un tout autre destin. Il est sélectionné pour le travail dans le complexe concentrationnaire et identifié par le numéro 70.798 qui lui est tatoué sur l’avant-bras gauche. Peu de temps après cette immatriculation, il est envoyé au Kommando de Jawisowitz. Fin 1944, lors de l’évacuation des détenus d’Auschwitz, il est dirigé sur Sachsenhausen-Oranienburg où il sera libéré en mai 1945. Le 31 mai, il rentre en Belgique.
Source : https://kazernedossin.memorial/biografie/gezin-nagiel-amtmann/?lang=fr 2/3
Lieu où seront posés les pavés : la famille était domiciliée rue Vanderlinden 58 mais s’était réfugiée rue Gallait 76. C’est à cette dernière adresse qu’elle a été arrêtée. Les pavés seront scellés devant le 58 rue Vanderlinden.
Pour la famille FLINKER seront posés 5 Pavés de Mémoire-Stolpersteine
Fuyant les Pays-Bas, la famille Flinker s’était réfugié sous une fausse identité au n°1 de l’avenue Colonel Picquart à Schaerbeek. Suite à une dénonciation, cinq membres de la famille sont déportés en mai 1944 (la mère et le père, deux filles et Moshe. Seules les deux filles reviendront des camps). Parmi eux, le fils, Moshe, qui ne reviendra pas mais qui a laissé un journal, Carnets de clandestinité – Bruxelles, 1942-1943, coédité en 2017 par Calmann Levy et le Memorial de la Shoah.
Résumé de l’ouvrage :
À 16 ans, Moshé Flinker quitte les Pays-Bas avec ses parents et ses six frères et sœurs pour tenter d’échapper aux persécutions nazies. Arrivé à Bruxelles, complètement désœuvré et sans repère, il commence à écrire son journal en hébreu. Il retranscrit des scènes de la vie quotidienne et suit très attentivement l’évolution de la guerre. Fin connaisseur de l’histoire juive et fort d’une foi profonde, ses écrits sont imprégnés de réflexions religieuses. Ils sont également animés de la conviction que la création d’un État juif sur la terre ancestrale est la seule réponse possible à une tentative d’extermination unique dans l’histoire. Il comprend aussi que la connaissance de la langue arabe est un élément essentiel de la coexistence future en Eretz Israël. C’est pourquoi il apprend l’arabe, seul, à l’aide de manuels achetés dans les librairies de la ville.
Son Journal se termine le 19 mai 1943 par ces mots : « J’ai l’impression d’être mort. Me voici ». Un an après, jour pour jour, le 19 mai 1944, suite à une dénonciation, il est arrêté et déporté à Auschwitz avec plusieurs membres de sa famille. Il disparaît des listes d’appel du camp de Bergen-Belsen le 20 janvier 1945. Ces cahiers, retrouvés après la guerre par ses deux sœurs, à Bruxelles, dans la cave de l’immeuble où avait vécu la famille, racontent avec force et acuité les angoisses spirituelles d’un jeune garçon juif, d’une étonnante maturité intellectuelle et politique, engagé dans une lutte pour la survie au cœur de l’Europe nazie.
Pour en savoir plus sur le livre de Moshe Flinker : Moshe Flinker : journal d’un enfant caché à Bruxelles. (iejudaisme.com)
Lieu où seront posés les pavés : devant le n°1 de l’avenue Colonel Picquart.
Pour la famille de JONGH seront posés 4 Pavés de Mémoire-Stolpersteine
Il s’agit d’une famille de résistants schaerbeekois. La fille Andrée, dite Dédée, est fondatrice de Comète, un réseau d’évasion d’aviateurs britanniques, auquel elle associera toute sa famille dont son père, Frédéric De Jongh, directeur de l’École n°8. Après leur arrestation, Frédéric est fusillé le 28 mars 1944 au Mont-Valérien (près de Paris). Andrée est déportée en Allemagne en juillet 1943. Elle y est internée dans plusieurs prisons, puis dans les camps de concentration de Ravensbrück et de Mauthausen, d’où elle est libérée par la Croix-Rouge internationale le 22 avril 1945. Alice Decarpentrie (1891-1971), épouse de Frédéric De Jongh et mère d’Andrée et de Suzanne, fut incarcérée à la prison de Saint-Gilles. Suzanne De Jongh (1915-1964), sœur d’Andrée, épouse de Paul Wittek, est déportée à Ravensbrück (où elle retrouve sa sœur) puis Mauthausen pour sa participation au réseau Comète. Pour en savoir plus sur Andrée De Jongh : Marie-Pierre d’Udekem d’Acoz, Andrée De Jongh. Une vie de résistante, Bruxelles, Racine, 2016.
Lieu où seront posés les pavés : devant la maison familiale, rue Emile Verhaeren 73.
Le souhait de la Commune ? Séances de médiation en classe
Associer des classes à la pose des pavés de mémoire. 1 ou deux classes par famille, de 6e primaire. Enseignement libre et public confondus. La séance de pose serait précédée d’une séance de médiation en classe.
En collaboration avec la Maison de la Culture juive, la commune propose des séances de médiation aux classes qui participantes au projet.
Lieu : à l’école
Public : 6e primaire
Durée : 1 heure
Langue : FR
Présentation :
Une séance d’environ une heure de sensibilisation à la Shoah et son histoire au sein du contexte belge, bruxellois et surtout schaerbeekois. Pour ce faire, le focus sera mis sur la résistance, le réseau Comète et sur Moshe Flinker dont les éléments de vie permettront aux élèves de s’identifier.
1) En 1941 est fondé le Réseau Comète, un groupe de résistant actif en Belgique et puis en France fondé par Andrée de Jongh.
2) L’attaque du 20ème convoi, dont les auteurs de cet acte de résistance sont aujourd’hui enterrés à l’enclos des fusillés à Schaerbeek. Cet évènement est tout à fait singulier, le 20ème convoi allant de Malines à Auschwitz fut le seul train à être attaqué en Europe de l’Ouest pendant toute la durée de la guerre.
3) Moshé Flinker exprime des valeurs universelles portées vers la paix et l’amitié entre les peuples. Pour lui, l’humanité ne peut évoluer de façon positive que si celle-ci est dans un état de quiétude. La guerre et la désolation sont tout autant d’élément qui poussent les humains dans la crainte de l’autre et la discrimination. De plus, sera abordé sa condition d’immigré au sein d’un pays qui aurait dû être accueillant et lui offrir de véritables perspectives de vie.
Moshé Flinker adolescent comme les autres, désirait simplement se projeter dans ses idéaux. Il nous invite à accepter l’autre tel qu’il est et à aller à sa rencontre. Notamment par l’apprentissage des langues qu’il étudiait avec grande application, au point d’être capable d’en parler huit, dont l’arabe.
Malheureusement il sera arrêté par les nazis suite à une dénonciation le 7 avril 1944 et sera déporté à Auschwitz d’où il ne reviendra pas.
Aujourd’hui, comment pouvons-nous poursuivre cet héritage de paix et d’universalisme? »
En supplément pour les claces qui le désirent, le service Patrimoine et l’Association pour la Mémoire de la Shoah peuvent aussi proposer une rencontre de la classe avec un enfant caché qui a l’habitude de partager son expérience avec le public scolaire.
Lieu : à l’école
Public : 6e primaire
Durée : 1 heure
Langue : FR
Contact : Cécile Dubois – Service Patrimoine de la Commune de Schaerbeek – cedubois@1030.be – 0478 229 228