Nous avions tort.
Nous nous sommes fourvoyés.
Nous avons fait fausse route.
Comment avons-nous pu penser que jamais cela ne se reproduirait ?
Comment cette croyance en une société démocratique qui ne permettrait pas qu’une telle catastrophe se répète a-t-elle pu nous effleurer ?
Comment avons-nous pu imaginer que des êtres épris de liberté et de justice prendraient les rênes de nos gouvernements et appliqueraient les leçons du passé ?
De toute évidence, de tels individus n’existent pas et ce monde relève d’une totale utopie.
Nous n’avions pas réellement pris la mesure de la promptitude avec laquelle se transformeraient nos pays sous l’effet de l’islamisation, du wokisme et du gauchisme.
Nous n’avions pas anticipé que les profiteurs qui ne pensent qu’à leur élection ou à leur réélection, au mépris des valeurs du monde libre, tourneraient le dos à l’éthique, trahiraient notre respectabilité et notre honorabilité en fermant les yeux sur le basculement du monde.
Pourtant, nous savions que la jalousie, la haine gratuite, la bêtise humaine, l’ignorance, la malhonnêteté intellectuelle et morale ont toujours constitué les moteurs de l’antisémitisme.
Pourtant, depuis la nuit des temps, quel que soit le nom qui lui était attribué, la communauté juive a toujours constitué la cible parfaite de celles et ceux qui souhaitaient pointer du doigt un coupable idéal afin d’éviter de devoir désigner les vraies responsabilités.
Pourtant, de l’Égypte ancienne à l’épouvantable barbarie des terroristes du Hamas (et autres mouvements terroristes); de la Perse antique aux nombreux pays européens en passant par l’abomination des camps de concentration nazis; de la quasi-totalité des pays arabes & musulmans à l’Afrique du Sud, l’Irlande, la Norvège, l’Espagne, etc… la parole antisémite, mécanisme central d’une stratégie millénaire mortifère, a causé d’innombrables morts et provoqué un isolement en constante progression de la communauté juive internationale.
Le mot Shoah signifie “catastrophe”, “calamité” en hébreu. Elle désigne la persécution et l’extermination systématiques des juifs par le régime nazi.
La notion de génocide apparaît en 1944 sous l’influence du juriste polonais Raphaël Lemkin. Elle caractérise la pratique de l’extermination de nations et de groupes ethniques.
En 1948, l’ONU, qui représentait à l’époque une institution qui aurait pu devenir honorable, a défini le mot génocide comme résultant d’actes commis dans l’intention de détruire, intégralement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Hélas, l’entrisme exercé par les Frères musulmans, notamment au sein des institutions onusiennes, a rendu cet espoir vain.
De plus, cette notion d’intention qui reste essentielle, fait défaut ou ne peut être démontrée, dans la plupart des utilisations.
Des historiens d’une part et des juristes d’autre part, s’emploient à affiner la définition de ce mot. Pourvu qu’ils ne le vident pas complètement de sa substance en permettant qu’il s’applique à trop de situations et espérons qu’elle ne devienne pas trop restrictive.
À ce jour, les arméniens, les Hottentots, les tziganes, les juifs, les victimes de l’apartheid, les Cambodgiens, les Rwandais, les Bosniaques constituent des exemples de génocides.
D’autres cas plus récents de purges ethniques existent, en Syrie, en Irak, en Iran, au Yémen, en République Démocratique du Congo, au Soudan, en Chine et tout récemment encore en Syrie avec le massacre de 1500 alaouites… sans qualificatif de génocide et quasi sans réaction du monde.
Ainsi, lorsque de nos jours, les termes “génocides” ou “apartheid” s’échappent de la bouche d’interlocuteurs, à l’encontre d’Israël, exclusivement d’ailleurs, nous savons qu’il s’agit d’une démarche intentionnelle, même si l’ignorance concerne certains cas, peu nombreux.
La malveillance et le calcul stratégique s’appliquent à la plus large quantité de situations et comme marteler un message, qu’il reflète ou pas la réalité, l’ancre davantage dans les mémoires, sous l’effet de différents fonctionnements humains (effet de dotation, vérité illusoire, effet de simple exposition, influence continue…), nous faisons face à un grand danger.
Et comme cette hargne, cette hostilité, cette brutalité se manifestent envers Israël et les juifs du monde entier, nous concluons sans ambiguïté que l’antisionisme dont se réclament certains constitue le parfait prétexte pour exprimer en réalité leur antisémitisme.
Il ne s’agit bien entendu pas de nier ou de refuser à quiconque le loisir de ne pas apprécier une personne, la liberté de détester un individu, voire même le droit de haïr quelqu’un, fusse-il, Premier ministre d’un pays. Mais ce qui constitue une pente glissante pour l’éthique, la déontologie et l’impartialité consiste à exécrer ces gens non pas pour leurs actions ou leur inaction, mais pour ce qu’ils sont ou ne sont pas.
Et clamer la violation de règles inscrites au droit international, – il a bon dos le droit international -, principalement lorsqu’il s’agit d’Israël, dénote un déclin moral, un abrutissement et une simplification à outrance de situations qu’une partie du monde refuse de considérer.
Yom HaShoah a vu le jour pour la première fois en 1951 en Israël et a fait l’objet d’une loi en 1959 qui en a confirmé l’existence. C’est depuis lors que le nom de chaque déporté et de chaque résistant est cité, chaque année.
Cette journée de mémoire, nous la dédions à ces six millions d’âmes juives parties dans d’épouvantables conditions, dans des souffrances physiques et mentales dont seuls les rescapés peuvent réellement comprendre l’ampleur.
Sans interruption, pour ne laisser aucune place à l’oubli, avec une détermination qui transcende le temps et l’espace.
Sans fin, pour leur exprimer avec une tendresse infinie, une bienveillance indéfectible, une compassion immuable combien nous pensons à eux.
Hélas, mille fois hélas, il s’avère nécessaire d’expliquer une fois de plus, pourquoi marquer cette journée revêt une si grande importance.
Plus que jamais !
Les événements depuis le 7 octobre 2023 viennent violemment nous rafraîchir la mémoire, à la lumière de l’explosion planétaire, dès le lendemain, de paroles, d’actes, de choix, de décisions antisémites, d’accusation de génocide, avant même que la première bombe n’atteigne la moindre cible à Gaza.
L’antisémitisme couvait depuis trop longtemps, sans pouvoir s’exprimer pleinement.
Le phénomène n’épargne aucune couche de la société, aucun niveau d’éducation, aucune strate sociale, aucun métier, aucune industrie.
Il agit à tous les niveaux du pouvoir judiciaire, politique, artistique, social ou économique, jusqu’aux plus hauts étages.
Et la Belgique, qui n’échappe évidemment pas à la règle, figure sur le podium des meilleurs élèves en Europe, Bruxelles en tête. Cette même Belgique au passé colonial sinistre, condamnée en 2024 pour “crimes contre l’humanité” au Congo, s’érige en état moralisateur, faisant la leçon à Israël, soit dit en passant, uniquement à Israël !
Un pays qui se déclare incapable d’assurer la sécurité d’une équipe de sportifs israéliens.
Un pays dont la capitale, rongée par l’islamogauchisme, le frérisme et le wokisme, parvient à voter en son parlement des sanctions contre Israël, l’arrêt de collaborations universitaires et conclure des partenariats avec des startups palestiniennes, tandis que des individus tirent impunément à la Kalachnikov dans nos rues.
Un pays qui refuse de visionner le reportage des dramatiques événements du 7 octobre 2023, filmés par les barbares sanguinaires eux-mêmes, mais qui permet à un Imam de chanter des sourates du Coran au parlement de sa capitale.
Un pays dans lequel une cour de justice de Gant acquitte un écrivain flamand qui a publié dans Humo une chronique concernant Gaza en écrivant en toutes lettres qu’il était tellement en colère qu’il avait envie de planter un couteau pointu dans le cou de chaque juif qu’il rencontre. Pas dans le cou de politiciens israéliens, pas dans le cou des soldats israéliens, dans le cou de chaque juif.
Un pays dans lequel un Premier ministre, alors en exercice, montre publiquement sa solidarité avec des squatteurs qui spolient des bâtiments universitaires et agressent des étudiants juifs.
Un pays qui semble incapable de compassion, même vis-à-vis de deux tout petits garçons israéliens, dont un bébé, assassiné sauvagement et cruellement, à mains nues, par les sous-humains sans âme du Hamas.
Un pays qui totalise la moitié des demandes européennes d’asile d’habitants de Gaza et de Judée-Samarie, et qui l’accorde dans 9 cas sur 10. Près de 3300 en 2024.
Cette raison supplémentaire de commémorer la Shoah est restée tapie dans l’ombre de la culpabilité européenne. La culpabilité coloniale tout d’abord et celle de la passivité, voire de la collaboration du continent durant la Deuxième Guerre mondiale ensuite.
Elle nous rappelle que la bête “immonde” multiplie les tentatives de réapparition. Durban, le 2 septembre 2001, avec le tristement célèbre “one jew one bullet” constitue un des exemples de détournement et d’inversion de la réalité, avec des accusations d’apartheid et de génocide à l’encontre d’Israël, oui, déjà à l’époque, relayées par de nombreuses ONG présentes.
La bête “immonde” est malheureusement ressortie complètement de sa tanière, de la façon la plus abjecte qui soit, le 7 octobre 2023 et depuis 18 mois, sans relâche, un peu partout dans le monde.
Comment pouvons-nous rester indifférents aux tristement célèbres « morts aux juifs » et « de la rivière à la mer… » aboyés sans retenue, dans un climat quasi total d’impunité ?
Comment pouvons-nous ignorer cette clameur qui envahit l’espace public, déferle dans les couloirs de nos écoles et nos universités, s’impose dans les colonnes de nos journaux, s’infiltre dans les manifestations soi-disant antiracistes, féministes et LGBT, s’invite sur nos plateaux de télévision et sur nos ondes radio, inonde les réseaux sociaux de posts pervers, mensongers et menaçants et prend une bien trop large place dans les prises de paroles politiques ?
Comment pouvons-nous détourner notre regard des scènes de liesse populaire lors de la mise en scène d’une incommensurable obscénité de la remise au compte-gouttes des otages détenus à Gaza dont les visages émaciés et les corps amaigris témoignent des traitements inhumains subis pendant leur captivité et rappellent l’horreur des camps d’extermination nazis ?
Comment pouvons-nous faire face à l’assourdissant silence des autorités, des médias, d’intellectuels, de leaders d’opinion, du corps universitaire, d’influenceurs… face à ces tromperies et ces manifestations de haine décomplexée ?
Comment considérer les prises de position unilatérales et à charge uniquement d’Israël ainsi que l’absence d’actions de tant d’ONG (La Croix rouge, Médecins sans Frontières, Médecins du Monde, Oxfam, UNICEF, Greenpeace, Amnesty International, SOS-Racisme…) dont nous savons combien elles influencent l’opinion du quidam ?
Comment en résumé ne pas comprendre que l’histoire prend le chemin d’un “Bis Repetita”, 80 ans plus tard ?
Voilà pourquoi se rajoute à notre devoir de mémoire pour ces six millions d’âmes juives assassinées de façon effroyable et ces familles détruites à jamais, un devoir d’avertissement des plus sonores, des plus déterminés, à notre communauté bien sûr et au monde également, car en nous fondant sur ce qui se trame aujourd’hui, nous comprenons que tout peut à nouveau basculer, déraper, nous échapper de façon dramatique, à l’image du déroulement des événements qui précédèrent la Shoah.
Nous savons ce à quoi cela a conduit. Entre 60 et 80 millions d’individus ont perdu la vie dont une cinquantaine de millions de civils, entre 1939 et 1945, parmi lesquels 6 millions exterminés de façon industrielle, parce que juifs.
Nous pourrions croire que les flux ininterrompus d’informations disponibles quasi immédiatement, mails, SMS, messages instantanés, posts, podcasts en provenance d’Internet et des réseaux sociaux… nous aideraient à mieux appréhender ce qui se trame.
Mais la technologie ouvre aussi la porte à l’hostilité, à la hargne, à l’acharnement, aux rumeurs, à la distorsion de la vérité, à la désinformation, aux mensonges qui se glissent insidieusement dans les arcanes des canaux de communication et infectent durablement les mémoires.
La conséquence immédiate de cette situation ? Des centaines de milliers, voire des millions d’individus dans le monde, qui n’avaient pas d’avis sur Gaza ni sur Israël et qui aujourd’hui se lèveraient aux côtés des barbares, deviendraient ainsi des collabos en puissance qui n’hésiteraient sans doute pas à dénoncer les juifs.
Autre époque, les nazislamistes des mouvements terroristes “palestiniens” ont remplacé les nazis du 3e Reich. Ils ont troqué leurs casques contre des keffiehs, échangé leurs véhicules militaires contre des pickups, permuté Mein Kampf avec le Coran, remplacé leurs fusils par des couteaux, des haches, des grenades à clous, substitué aux chambres à gaz les tunnels où ils étranglent à mains nues des bébés kidnappés, remplacé Mussolini, Franco et Hirohito par une certaine gauche, des féministes, des gauchistes et des communistes du monde entier. Ils ont en commun la haine, la cruauté extrême et l’aveuglement idéologique.
Autre époque, autres nazis, même hypocrisie, même laxisme d’une partie de l’appareil politique.
Autre époque, autres nazis, même travail journalistique calamiteux, volontairement partial et malhonnête.
Autre époque, autres nazis, même stratégie d’inversion ou de négation des faits et des responsabilités.
Ainsi, ce sont les pays arabo-musulmans qui ont expulsé “leurs” juifs en quasi-totalité, mais c’est Israël qui est accusé d’Apartheid alors que 2 millions de musulmans y vivent avec les mêmes droits que ceux des juifs
Ainsi, ce sont les terroristes du Hamas, du Hezbollah, du Jihad islamique, des Houthies, c’est l’Iran et le Quatar qui essayent répétitivement de rayer de la carte l’état juif, mais c’est Israël qui est accusé de génocide alors que la population à Gaza et en Judée-Samarie a quadruplé depuis 1948 et celle de Gaza a augmenté de 2% en 2024.
Ainsi, 50 pays parmi les 198 du globe sont engagés dans un conflit ou une guerre, mais c’est Israël qui totalise de très très loin le plus grand nombre d’accusations, de plaintes et de résolutions.
Ce devoir de mémoire de la Shoah dont il est impensable de faire l’économie, fait donc partie de ce que nous souhaiterions constituer les garants de la préservation de notre communauté et par-delà notre communauté, de notre civilisation, puisque de tout temps, les juifs ont constitué une première étape dans les intentions machiavéliques, les desseins funestes et les projets malfaisants des ennemis de la liberté.
Honorons donc la mémoire de nos chers disparus. Gardons-leur toujours une place dans notre cœur et dans nos pensées. Prononçons leurs noms et ne les oublions jamais.
Disons haut et fort que notre communauté est plus forte que jamais, plus informée que jamais, plus consciente que jamais, plus résiliente que jamais, plus déterminée que jamais à vivre dignement dans le respect des pays d’accueil et de nos traditions, comme nous l’avons toujours fait.
Nous portons la responsabilité de la rectification systématique des approximations, la dénonciation du mensonge, des omissions, de la dissimulation. Il nous revient également de démonter les arguments fallacieux, d’où qu’ils viennent.
Ces messages parviendront-ils à sortir certains de leur aveuglement politique ou idéologique ? Rien ne me permet de l’affirmer.
L’humanité s’enrichirait si une nouvelle race de dirigeants apparaissait, capable de faire preuve de discernement, de courage et de Leadership.
Car pour accuser Israël et les juifs de tous les maux du monde, aucun courage n’est nécessaire. Seule suffit une bonne dose d’hypocrisie, de malhonnêteté, de lâcheté.
Car pour combattre l’Islam radical, défaire le gauchisme qui a vidé de leur sens les principes de la gauche et se distancier du wokisme tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, détourné de ses intentions de base, le courage est impératif.
Car pour tourner le dos à l’électoralisme dont certains se sont fait les champions et sans lequel bien des candidats ne seraient jamais élus, le courage est crucial.
Celles et ceux qui ne cessent de crier au génocide, à l’Apartheid, aux crimes contre l’humanité, institutions, politiciens, professeurs d’université, acteurs et réalisateurs, mouvements féministes et LGBT, médias, influenceurs, ONG… ne font dans leur grande majorité strictement rien qui aide réellement qui que ce soit.
Ni eux-mêmes, en acceptant que leurs causes ne servent de tremplin à celles de l’islamisme ni ceux qu’ils pensent défendre en se contentant d’ânonner les slogans des terroristes, sans aucune vérification ni analyse.
Et ne nous leurrons pas. Tout ce qu’ils parviennent à démontrer n’est en rien lié à une aide aux gazouillis. Leurs démarches prouvent qu’ils sont juste anti-israéliens et antisémites. Tout comme les nombreux mouvements terroristes, Hamas, Jihad, Hezbollah… ne veulent pas créer un état, ils veulent détruire un autre.
Mais regardons l’histoire, dans le désordre : les Égyptiens, les Grecs, les Romains, les Perses, les croisés, le 3e Reich… j’en passe évidemment beaucoup, ont tous essayé de toutes leurs forces, de toute leur puissance, de salir, d’humilier, d’affaiblir, de détruire notre peuple. Et au final, malgré les pertes inestimables que nous avons subies, nous restons debout, plus que jamais présents avec une contribution au monde sans équivalence et ce sont eux qui ont disparu !
Alors, les Mélanchon, Les Caron, les Hassan, les de Villepin, les Plenel, les Waters, les Loach, les Corbyn, les Soros, les Laaouej, les Magnette, les Eddebauw, les Brusselmans … j’en passe évidemment beaucoup, n’ont pas l’ombre d’une chance de réussir. Leurs mensonges, leurs dissimulations, leurs omissions, leurs inversions de la réalité, leur humanisme sélectif, leurs procès à charge uniquement et seulement vis-à-vis d’Israël… les rattraperont, tôt ou tard.
Le peuple juif est toujours là avec l’absolue détermination de ne jamais se laisser faire. Et force nous est de constater qu’un juif qui se défend, ça déplaît au plus haut point !
Pour paraphraser Golda Meir, j’ajouterai « nous préférerons les condamnations du monde entier à leurs condoléances ».
Cela me rappelle l’histoire imagée de Piotr, un homme perdu, en plein milieu d’une gigantesque forêt, qui, après des heures de marche épuisante pour retrouver son chemin, se sentit envahi par le froid, la faim, la soif, le sommeil et la peur que les ténèbres s’abattent sur lui, le laissant sans défense en proie aux bêtes sauvages.
Alors que sa confiance de retrouver sa route s’évanouissait, il repéra au loin une minuscule lueur qui se transforma en lueur d’espoir. Il décida de s’en rapprocher.
Au fur et à mesure de sa progression vers cette source lumineuse, il perçut davantage de détails et identifia un feu, un feu immense.
Arrivé à quelques mètres, il se rendit compte que le feu servait à la fois à réchauffer un homme, un individu d’une extrême obésité qui mangeait ainsi qu’à cuire de la viande et des légumes.
Aimanté par cette vision hors du commun, Piotr continua à se rapprocher et constata que l’homme avalait des quantités énormes de nourriture, sans s’arrêter, sans prêter attention au fait qu’il n’est plus seul.
Après avoir observé ce spectacle abracadabrant pendant un moment, il décida d’adresser la parole à cet homme qui s’interrompit enfin :
Venez vous réchauffer et vous restaurer, dit-il entre deux bouchées.
Après avoir accepté l’invitation et mangé, Piotr rompit le silence :
Merci, monsieur, pour ce repas qui fait du bien et cette chaleur réconfortante. Pardonnez-moi de vous poser cette question : pourquoi mangez-vous autant ?
L’énorme individu se tourna vers Piotr et raconta :
Mon grand-père vivait dans cette forêt après avoir été chassé de la ville et interdit dans la campagne. Un jour, des hommes sont venus le chercher pour l’exécuter parce que, même isolé du reste du monde, il continuait à gêner parce qu’il était juif. Ils l’ont brûlé vif. Comme il était chétif, quelques instants ont suffi pour qu’il meure, carbonisé.
Lorsque mon père fut emmené à son tour pour être exécuté, il fut brûlé vif et, comme il était également très maigre, son corps s’est désintégré très rapidement.
Alors, si jamais un jour, des hommes venaient pour moi, si, un jour, j’étais emmené à mon tour, je leur montrerais qu’un juif, ça brûle longtemps, très longtemps, tellement longtemps qu’ils disparaîtront avant moi. Personne ne se débarrassera de nous comme cela !
Am Israël Haï