Le théâtre aime les grandes figures. Mais il est rare qu’une comédienne parvienne à faire oublier qu’elle joue, au point de nous donner l’impression de converser avec l’Histoire elle-même. C’est l’exploit que signe Valérie Zarrouk dans « Appelez-moi Golda », un seul-en-scène consacré à Golda Meir.
Première femme Premier ministre d’Israël, Golda Meir a traversé le XXᵉ siècle en actrice de premier plan : pionnière de la politique internationale, femme de caractère dans un univers dominé par les hommes, mais aussi être humain pétri de doutes, de convictions et d’humour. C’est cette ambivalence que le texte met en lumière, et que Zarrouk saisit avec une intensité rare.
La mise en scène, volontairement dépouillée, ne cherche pas l’effet spectaculaire. Tout repose sur le verbe et la présence. Et quelle présence ! Valérie Zarrouk capte la salle dès les premières phrases. Son jeu oscille avec finesse entre gravité et légèreté, entre la fermeté d’une dirigeante et la vulnérabilité d’une femme seule face à ses choix. Les spectateurs rient parfois, s’émeuvent souvent, et sortent surtout bouleversés par cette incarnation.
Loin d’une hagiographie, « Appelez-moi Golda » interroge notre rapport aux grandes figures politiques, et plus largement au pouvoir. On y entend résonner des échos très actuels : le rôle des femmes dans la sphère publique, le prix de la décision, la solitude du pouvoir.
Ce spectacle n’est pas seulement une évocation historique : il est un miroir tendu à notre époque. En donnant chair à Golda Meir, Valérie Zarrouk rappelle que derrière chaque statue, il y a une femme, un cœur qui bat, des failles et une détermination inébranlable.
Un moment de théâtre rare, où l’art de l’actrice rejoint la force du témoignage.
Le 17 septembre au Centre Culturel d’auderghem avec la Maison de la Culture Juive ASBL et le Keren Hayessod
Billets : https://ccauderghem.be/appelez-moi-golda/
Extrait : https://www.youtube.com/shorts/jHR8ULr2wlk
Luc Kreisman