La paracha aborde la question de l’exil, et rappelle que lorsque le nuage céleste recouvrait le Tabernacle, les Hébreux restaient dans leur campement. Lorsque le nuage se déplaçait, il indiquait le lieu du prochain campement.
Diligence des représentants publics
La Paracha de la semaine aborde également la responsabilité des actes posés par les dirigeants au nom de l’intérêt général.
Moïse fait établir, par les Lévites, un audit de la construction du Tabernacle.
Transparence et responsabilité sont deux valeurs absolument nécessaires lorsqu’il s’agit des fonds publics. Les gens occupant des postes de confiance doivent être et doivent être perçus comme intègres moralement. Jéthro, le beau-père de Moïse, a déjà dit cela lorsqu’il demanda à Moïse de nommer des assistants pour l’aider à accomplir la mission de diriger le peuple: “Des hommes craignant Dieu, amis de la vérité, ennemis du lucre”. C’est tout le sens de l’engagement, lorsqu’il est désintéressé, qu’on en retire un avantage collectif et non individuel. Une société libre est construite à l’aide de fondements moraux, et ces derniers doivent être inébranlables.
Inauguration du Tabernacle
Moïse inaugure le Michkan le premier jour du premier mois de l’année, c’est-à-dire Nissan (alors que Roch Hachana est célébré le premier jour de Tichri et Yom Kippour à la date de la réception des Tables de la Loi, soit le 10 Tichri).
Dieu s’y installe, sa présence est symbolisée par un nuage qui l’emplit.
Le Tabernacle est portable, lorsque le nuage le recouvre, les Hébreux restent sur place. Lorsqu’il se déplace, il indique le prochain lieu d’installation du Tabernacle. Ces campements provisoires, qui sont des lieux de repos, sont décrits comme partie du voyage (massa).
Les anciennes civilisations attribuaient des lieux à leurs dieux, mais dans le judaïsme, la présence divine est partout, le Tabernacle est déplaçable. Cette conviction a forgé l’esprit de l’exil, et la conviction que le lieu du présent a peu d’importance tant qu’on a la conviction qu’il s’agit d’une étape du voyage. C’est l’espoir d’un achèvement à venir: “l’an prochain à Jérusalem”.
Tsedakkah
La paracha doit nous inspirer en cette période troublée, elle doit aussi nous inciter à soutenir les populations en détresse. La Tsedakka est en effet un fondement de l’identité juive.
A deux reprises dans l’exode, les juifs sont appelés à contribuer (Tsedakkah): pour le Tabernacle, à la demande de Moïse, et pour le veau d’or, à la demande d’Aron (espérant gagner du temps jusqu’au retour de Moïse).
Dans les deux cas, la réponse du peuple est immédiate, et positive. Donner est inhérent à l’identité du peuple juif, même si ce n’est pas toujours pour la bonne cause.
Le rabbin Jonathan Sacks donne l’exemple de la géographie d’Israël, avec deux mers alimentées par la même rivière: la mer de Galilée et la mer morte. La première est vivante parce qu’elle reçoit l’eau et qu’elle la donne également en aval. Donner, c’est la vie.
Fin de l’Exode
Isaac Luria enseigne que la fin de l’Exode nous apprend la notion d’auto-limitation (tzimtzum). C’est la séparation du sacré et du profane. Dieu s’efface pour laisser place au profane, et le sacré prend sa place dans certains lieux (le Tabernacle, le Temple, la synagogue) et à certains moments (shabbat). Cette capacité à laisser de la place à l’autre permet aux couples d’assurer l’épanouissement de chacun des partenaires, aux parents de voir grandir leurs enfants. Il est nécessaire d’apprendre à s’effacer au bénéfice de l’autre, plutôt que s’affirmer ou s’imposer en permanence.
La genèse commence avec la création, par Dieu, de l’univers, et l’Exode termine par celle du Tabernacle, par les hommes.
Dans la Genèse, les trois premiers jours sont consacrés à la création des grands domaines (jour/nuit, eaux profondes/non profondes, mer/terre) et les trois suivants à ce qui leur appartient (les étoiles, les animaux et poissons,…).
Sont alors créés l’ordre et l’harmonie.
L’apparition des hommes entraîne le chaos (Adam et Eve, Caïn, le déluge, le veau d’or).
Le tabernacle permet finalement aux hommes de construire ensemble une collectivité fondée sur des valeurs partagées et des lois. Les hommes ont la responsabilité de leur destin.
Moïse dit alors au peuple qu’il est béni, non parce qu’il est choisi, mais parce qu’il a reçu les commandements. Il n’y a pas de sainteté intrinsèque (Moïse va jusqu’à briser les premières tables de la loi), il n’y a que nos intentions, nos paroles et nos actes.
*Inspiré des enseignements du Rabbi Lord Jonathan Sacks